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Studia daviliana
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28 décembre 2009

Extraits de Sucesivos escolios

EXTRAITS de SUCESIVOS ESCOLIOS..., 1992
choisis et traduits par Philippe Billé.

(Page 16) Ce qui ne semble pas d’abord faux au lecteur ne vaut pas d’être écrit.

(17) L’histoire des genres littéraires admet des explications sociologiques.
     L’histoire des oeuvres n’en admet pas.

(25) Un certain type d’allusion cultivée est propre au semi-cultivé.

(26) Le sens commun est la maison paternelle où la philosophie revient cycliquement, hâve et maigre.

(35) Il y a quelque chose d’absolument vil chez celui qui n’admet que des égaux, chez celui qui ne se cherche pas anxieusement des supérieurs.

(41) Réduire la littérature à la « littérature d’imagination » est un abus moderne.
     Littérature est tout ce qui est écrit avec talent.

(41) Jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, ce que l’homme ajoutait à la nature augmentait sa beauté.
     Ce qu’il y ajoute depuis lors la détruit.

(43) Dans l’état moderne, les classes aux intérêts opposés ne sont pas tant la bourgeoisie et le prolétariat, que la classe qui paye des impôts et celle qui en vit.

(43) A l’égard des diverses «cultures», il y a deux attitudes symétriquement erronées : n’admettre qu’un seul modèle culturel ; placer tous les modèles sur le même rang.
     Ni l’impérialisme pétulant de l’historien européen d’hier ; ni le relativisme honteux de l’actuel.

(45) Les miracles littéraires excèdent rarement des constellations de trente mots.

(46) Revendications économiques, hostilité entre classes sociales, désaccords religieux, ne sont en général que de purs prétextes à un appétit instinctif de conflit.

(49) Idéal de l’homme moderne : acheter le plus grand nombre d’objets ; faire le plus grand nombre de voyages ; copuler le plus grand nombre de fois.

(50) Ce qui éloigne de Dieu est moins le péché que le désir de le justifier.

(50) Celui qui réclame l’égalité des chances finit par exiger que l’on pénalise le plus doué.

(51) Ce qui distingue l’homme cultivé de l’inculte, c’est sa façon d’ignorer.

(53) Il n’y a plus de classe supérieure, ni de peuple ; il n’y a qu’une plèbe pauvre et une plèbe riche.

(55) Celui qui ne recherche pas Dieu dans le fond de son âme, n’y trouve que de la boue.

(57) L’homme est un animal éducable, du moment qu’il ne tombe pas entre les mains de pédagogues progressistes.

(60) L’individualisme est le berceau de la vulgarité.

(60) Entendre une opinion intelligente réconcilie avec la vie.

(60) Les lieux communs des lettres classiques furent les précepteurs de l’Occident.

(63) Le vice qui afflige la droite est le cynisme, et la gauche le mensonge.

(64) L’humanité est ce qu’ont élaboré dans l’animalité de l’homme la réticence et la pudeur.

(68) La société industrielle met la vulgarité à la portée de tous.

(71) La journée se compose de ses moments de silence.
     Le reste est temps perdu.

(92) Tradition, propagande, hasard ou conseil choisissent nos lectures.
     Nous ne choisissons que ce que nous relisons.

(93) La dignité de l’homme n’est pas dans sa liberté, mais dans le type de restrictions à sa volonté qu’il accepte librement.

(98) Etre féministe est ridicule ; mais être anti-féministe est vulgaire.

(99) Plus que l’immoralité du monde actuel, c’est sa laideur croissante qui incite à rêver de cloître.

(100) Dans des textes anodins, nous tombons soudain sur des phrases qui nous pénètrent comme une estocade.

(101) L’inacceptable, dans les « droits de l’homme », c’est leur nom.

(102) Ce qui préoccupe le Christ des Evangiles, ce n’est pas la situation économique du pauvre, mais la condition morale du riche.

(103) La fonction de l’Eglise n’est pas d’adapter le christianisme au monde, ni même d’adapter le monde au christianisme, mais de maintenir un contre-monde à l’intérieur du monde.

(103) La société chrétienne n’est pas celle où nul ne pèche, mais celle où beaucoup se repentent.

(104) La compassion envers la multitude est chrétienne ; mais l’adulation de la multitude est purement démocratique.

(104) Maximiser est l’impératif moderne ; optimiser est l’impératif civilisé.

(108) La plèbe perd toujours ; les chefs de la plèbe gagnent toujours.

(108) La police est la seule structure sociale de la société sans classes.

(113) Même si cela indigne les historiens, l’histoire de nombreux pays manque totalement d’intérêt.

(116) Les spectacles techniquement nommés « pour adultes » ne sont pas pour des esprits adultes.

(116) Les résultats de la «libération» moderne nous inspirent de la nostalgie envers les «hypocrisies bourgeoises» abolies.

(117) La grave erreur de l’Eglise ne fut pas de condamner Galilée, mais d’accorder de l’importance au problème dont il traitait.

(128) Eduquer l’individu consiste à lui apprendre à se méfier des idées qui lui viennent.

(130) La critique littéraire est née dans les journaux et agonise dans les universités.

(131) Les monarques, dans presque toutes les dynasties, ont été si médiocres que l’on dirait des présidents.

(140) La relation entre maître et serviteur, quand elle est cordiale, est une des relations humaines les plus décentes.

(142) La pression démographique abrutit.

(152) Toute mythologie est d’une certaine façon vraie, tandis que toute philosophie est d’une certaine façon fausse.

(158) L’idée de traduire un poème est la dernière qui doit venir à l’esprit de celui qui l’admire.

(162) Ce n’est pas la «créativité» que l’on doit tâcher de développer chez l’élève, mais une passivité intelligente.

(163) Peuple est toute réunion de plus de quinze personnes.

(163) Ecrire est souvent inévitable ; publier est presque toujours impudique.

(163) L’état paternaliste est abominable ; la société paternaliste est admirable.

(164) Il n’y a rien de plus dur que la servitude forcée, ni rien de plus décent et noble que la servitude volontaire et libre.

(166) Mûrir, c’est comprendre que nous n’avions pas compris ce que nous avions cru comprendre.

(166) Déprimant, comme un texte optimiste.

(167) Nombreux sont les poètes qui appellent «poésie» une simple forme d’irresponsabilité intellectuelle.

(168) Rares sont les pays qui ne méritent pas qu’un tyran les gouverne.

(168) Trouver clairement exprimées les objections à une idée stupide, réjouit.

(168) Les stupidités ne meurent pas, mais c’est un devoir que de les discréditer.

(168) Seules deux choses éduquent : avoir un maître ou être un maître.

(169) Ce qui est terrible, dans la critique d’art, c’est qu’elle conduit le critique à se croire écrivain.

(170) Une époque civilisée ne tolère ni la poésie qui gémit, ni la prose qui crie.

(171) La plus exacte et brève définition d’une civilisation véritable, je la trouve dans Trevelyan : A leisured class with large and learned libraries in their country seats.

(172) L’erreur du chrétien progressiste est de croire que la polémique éternelle du christianisme contre les riches est une défense implicite des programmes socialistes.

(173) Un système électoral décent serait celui qui déclarerait seuls éligibles ceux qui se refusent à solliciter qu’on les élise.

(177) Ce n’est pas seulement que l’ordure humaine s’accumule dans les villes, c’est que les villes transforment en ordure ce qui s’accumule en elles.

(184) Le pire rapport social est celui où le maître n’a pas été éduqué pour commander.

(184) Ecrire est la seule manière de prendre ses distances avec le siècle dans lequel il nous a échu de naître.

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