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Studia daviliana
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27 décembre 2009

Extraits de Nuevos escolios II

EXTRAITS du tome 2 des NUEVOS ESCOLIOS…, 1986
choisis et traduits par Philippe Billé.

(page 7) Lugubre, comme un plan de développement urbain.

(7) Parmi les horreurs du communisme, il faut compter le fait de n’avoir d’autre lecture que la prose de l’écrivain de gauche.

(12) L’origine prolétarienne d’un écrivain peut lui servir d’excuse, pas de recommandation.

(13) Au bout du compte, il n’est sensé d’avoir des préférences politiques que pour des raisons esthétiques.

(17) La seule différence entre les riches et les pauvres, aujourd’hui, c’est l’argent.

(25) Impossible de convaincre l’idiot qu’il existe des plaisirs supérieurs à ceux que nous partageons avec les autres animaux.

(29) Les documents sont les fossoyeurs des généralisations historiques.

(31) La dignité du peuple juif consiste en ce qu’il est le seul peuple métaphysique de l’histoire.

(34) L’abondance de traductions a ôté à la traduction sa fonction de geste sélectif.
     La traduction était l’anticipation de la postérité ; aujourd’hui, c’est une affaire éditoriale.

(41) Le chrétien sait que le christianisme boitera jusqu’à la fin des temps.

(42) L’anti-sémitisme est un ferment démocratique.
     Dans la réaction, au contraire, se ramifie et se répand la notion centrale du judaïsme : la notion de créature.

(45) Dénoncer la médiocrité est de trop : le livre médiocre file sans effort de l’imprimerie à la poubelle.

(46) Ce que l’on a appelé droite, en ce siècle, n’a été qu’un cynisme opposé à l’hypocrisie de la gauche.

(47) On ne doit réclamer de privilège que pour des tiers.

(47) L’ordre est le plus fragile des faits sociaux.

(48) La simple imitation est le mobile de la plupart des comportements.

(50) La stupidité des radicalismes nous oblige presque à excuser les injustices qu’ils dénoncent.

(50) La révolution est une possibilité historique permanente.
     La révolution n’a pas de causes, mais des occasions dont elle profite.

(50) Les insurrections sont des phénomènes sociaux ; la révolution est un phénomène religieux.

(51) Nous doutons de l’importance de beaucoup de vertus, tant que nous ne sommes pas tombés sur le vice opposé.

(55) Les catastrophes naturelles dévastent une région moins efficacement que l’alliance de la convoitise et de la technique.

(55) Monotone, comme l’obscénité.

(57) Le tourisme rend accessibles les sites qui ne valent la peine d’être visités que quand ils sont difficiles d’accès.

(58) Rien au monde n’égale l’insignifiance parfaite du mauvais poème.

(58) L’homme cultivé et l’homme simple ne s’intéressent qu’à ce qui les attire spontanément ; seul le demi-cultivé a des intérêts artificiels.
     Le demi-cultivé est la providence du marchand de «culture».

(59) Un lecteur expérimenté flaire au premier adjectif le livre pourri.

(61) La civilisation est la somme de répressions internes et externes imposées à l’expansion informe d’un individu ou d’une société.

(62) Le talent de certains artistes ne parvient pas à vaincre la répugnance qu’inspire la personnalité qui s’exprime dans leur œuvre.

(69) S’il existait un instinct religieux, au lieu de l’expérience religieuse, la religion manquerait d’importance.

(71) Il y a de fausses théologies, mais il n’y a pas de fausses religions.
     La piété païenne d’un Xénophon, par exemple, brûle un encens acceptable au vrai Dieu.

(72) Depuis l’invention de la radio, même l’analphabétisme ne protège plus le peuple contre l’invasion des idéaux bourgeois.

(74) La presse fournit au citoyen moderne son abrutissement matinal, la radio son abrutissement méridien, la télévision son abrutissement vespéral.

(78) Celui qui a la patience de lire un livre pornographique éveille mon admiration et ma curiosité.

(82) La prière, la guerre, l’agriculture, sont les occupations viriles.

(82) L’«égalité des chances» ne signifie pas la possibilité pour tous d’être décents, mais le droit de tous à ne pas l’être.

(83) Le livre nous permet d’éviter la conversation avec les disciples.

(86) Les idées de moins de mille ans ne sont pas totalement fiables.

(88) L’homme ne communique avec un autre homme que quand le premier écrit dans sa solitude, et que l’autre le lit dans la sienne.
     Les conversations sont divertissement, escroquerie ou escrime.

(93) L’âme ne s’enivre qu’avec le vin de raisins sylvestres.

(94) Le «racisme» a fait dire autant d’âneries à ses ennemis qu’à ses partisans.

(98) Un Dieu intelligible ne serait pas un Dieu fiable.

(99) Dépeupler et reboiser – première mesure civilisatrice.

(100) Entre la forêt vierge et l’agriculture industrielle, il y a un instant historique de paysage cultivé.

(100) La littérature monastique est inférieure à l’architecture monastique.
     Quelque chose d’essentiel au monachisme s’exprime mieux plastiquement.

(111) En tout utopiste sommeille un agent de police.

(115) Ne lire que du latin et du grec pendant quelque temps est la seule façon de se désinfecter un peu l’âme.

(115) Le barbare ne fait que détruire ; le touriste profane.

(118) Tout mendiant est mon frère.

(119) L’«élitisme» (comme disent aujourd’hui les imbéciles) est le principe de base aussi bien des institutions que des bibliothèques.

(122) Accuser l’aphorisme de n’exprimer qu’une part de vérité revient à supposer que le discours prolixe peut l’exprimer toute entière.

(123) La Réaction a commencé avec le premier remords.

(123) Même en matière de plaisirs, nous ne devons pas accepter d’estimation égalitaire.
     Le plaisir du porc est un plaisir de porc.

(127) Capitalisme et socialisme ont déjà commencé à se réconcilier en sanglotant dans les bras l’un de l’autre.

(133) Je paierais volontiers pour ne pas faire la plupart des choses que les autres payent pour faire.

(136) L’objet d’art peut être une œuvre d’art, mais en général c’est un simple diplôme de riche.

(140) L’intelligence isole ; la stupidité agrège.

(146) Dans les groupements humains, seuls s’additionnent les défauts de ceux qui se regroupent.

(148) La pure nouveauté s’invente.
     L’originalité s’élabore spontanément au travers de la réminiscence et de la copie.

(150) Peu de gens remarquent le seul divertissement qui ne lasse pas : essayer, année après année, d’être un peu moins ignorant, un peu moins brut, un peu moins vil.

(154) Le chrétien passe son temps à demander pardon, le socialiste à demander qu’on le félicite.

(157) Le critique actuel n’a de repos que quand il a rendu illisible le livre qu’il commente.

(163) A part un joli jardin, tout est inférieur à nos rêves.

(172) Discipline, ordre, hiérarchie, sont des valeurs esthétiques.

(173) La difficulté croissante de recruter des prêtres doit faire honte à l’humanité, et non inquiéter l’église.

(177) Supprimer l’enseignement des lieux communs qui abondent dans les lettres latines et grecques, c’est priver l’homme de l’alphabet de la sagesse humaine.

(183) En ce siècle, nous avons vu l’avant-garde devenir un académisme.

(189) La liberté est un rêve d’esclave.
     L’homme libre sait qu’il a besoin d’abri, de protection, d’aide.

(193) L’écologie est la version pastorale du dur texte réactionnaire.

(197) Nous apercevons déjà le mélange de bordel, de geôle et de cirque, que sera le monde de demain, si l’homme ne reconstruit pas un monde médiéval.

(209) L’écrivain réactionnaire doit se résigner à une célébrité discrète, puisqu’il ne peut plaire aux imbéciles.

(211) La seule prétention que j’aie, c’est de ne pas avoir écrit un livre linéaire, mais un livre concentrique.

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